Notre patrimoine commun

Un tramway peut en cacher un autre

Cela ne vous aura pas échappé si vous habitez Villeurbanne : d’importants travaux sont en cours pour permettre le passage de deux lignes de tramway. En 2026, plusieurs quartiers de la ville seront desservis par le T6 et le T9, près d’un siècle et demi après la création de la première ligne villeurbannaise. Retour sur l’histoire du tramway à Villeurbanne en 10 dates clés.

1879 : la Compagnie des omnibus et tramways de Lyon (OTL) est créée à Lyon.
Le réseau de tramway qui se met en place contient dix lignes à voie normale et à traction animale, desservant les communes de Lyon, Villeurbanne, La Mulatière et Oullins.

1881 : La première ligne de tramway villeurbannaise est créée. Elle relie Cordeliers à la place du Plâtre (actuellement place Grandclément) via le cours Lafayette prolongé (actuel cours Tolstoï). C’est un axe important particulièrement fréquenté par les ouvriers. Le tramway villeurbannais est nommé « tramway jaune » en référence à la couleur des voitures.
Le terminus se trouve au bout du cours à l’arrivée sur la place Grandclément. Un square est aménagé à cet endroit pour installer le kiosque des contrôleurs.
Ce sont des voitures à impériale qui transportent les usagers, de capacité 2* (24 voyageurs)
>> Pour aller plus loin, découvrez notre Curieux Détours Sur le cours tolstoi

 

1890 puis 1900 : deux autres lignes viennent renforcer le réseau villeurbannais, en desservant les quartiers du Bon-Coin et de Cusset, depuis Bellecour et Perrache.

1894 : les premiers tramways électriques font leur apparition. Trois ans plus tard, les chevaux sont définitivement délaissés au profit de l’électricité.

Années 1930 : Les premiers tramways sont remplacés par des autobus puis des trolleybus.

Début des années 1950 : les lignes Bellecour – Bon-Coin (ligne 11) et Perrache – Cusset via le cours Emile-Zola sont définitivement remplacées par des trolleybus.

1956 : Le dernier tramway urbain de la région lyonnaise (ligne 4) s’arrête le 30 janvier 1956

2001 : La ligne T1 marque le retour du tramway dans l’agglomération lyonnaise. Elle relie alors le campus de La Doua (Villeurbanne) à Perrache, en passant par les quartiers du Tonkin et de Charpennes. Elle dessert ainsi les deux gares ferroviaires principales de l’agglomération.

2006 : La nouvelle ligne T3, qui reprend l’ancien tracé de la ligne de chemin de fer de l’Est, dessert deux arrêts à Villeurbanne : Gare de Villeurbanne, à proximité de la place Grandclément, et Bel-Air Les Brosses dans le quartier des Brosses.

2026 : Villeurbanne sera desservie par la ligne T6, prolongée des hôpitaux est de Lyon à la Doua, en passant notamment par le quartier des Gratte-Ciel, et la ligne T9, qui reliera Vaulx-en-Velin/La Soie à Charpennes, en passant par Saint-Jean et Croix-Luizet.

 

Villeurbanne célèbre les 80 ans de sa Libération

Le 2 septembre 1944, Villeurbanne est libérée ! Quelques jours auparavant, les 24, 25 et 26 août, des milliers de Villeurbannais avaient décidé de prendre les armes pour libérer leur ville et mener « l’insurrection de Villeurbanne », devançant les armées de la France libre et de ses alliés.


Un soldat porté en héros sur l’avenue Henri-Barbusse. © Le Progrès

Si la date officielle de libération de Villeurbanne est celle du 2 septembre 1944, la commune a connu trois jours d’insurrection les 24, 25 et 26 août, qui représentent selon l’historien Claude Collin « le seul mouvement populaire que l’agglomération de Lyon ait connu pour sa libération ». Longtemps absente des ouvrages historiques, cette insurrection a été inopinée et spontanée : c’est à l’occasion d’une manœuvre de repli de 80 combattants du groupe Carmagnole des FTP-MOI (Francs-tireurs partisans de la main d’œuvre immigrée) que les groupes résistants locaux ont vu l’opportunité de renverser la municipalité collaboratrice.


Groupe de FFI défilant sur le cours Tolstoï © AMV LE Rize

Ayant échoué à libérer leurs camarades prisonniers à Lyon, les FTP-MOI arrivent le 24 août à Villeurbanne et sont acclamés par une population qui croit voir venir l’avant-garde des Forces de Libération. À l’arrivé de la colonne à la mairie, ce sont plusieurs centaines de personnes qui la suivent. La mairie est alors occupée, mais aussi la Poste, le central téléphonique, le commissariat ; les premières barricades sont dressées. Le 25 août des milices patriotes se constituent.


Jean Bathias et Paul Torralba devant leur barricade. © Collection Claude Collin

De nouvelles barricades apparaissent dans la nuit du 25 au 26 août, notamment à l’ouest et au sud de la commune, sur le tracé des tramways venant de Lyon pour bloquer l’arrivée de troupes allemandes. Mais les allemands ripostent violemment, les combats sont nourris, des civils se retrouvent utilisés comme boucliers humains. Le lieutenant Donat constatant que l’insurrection ne peut aboutir, négocie l’absence de représailles contre la population en échange du démantèlement des barricades et de la restitution de prisonniers allemands. Si cette insurrection n’a pas eu grande importance sur le plan strictement militaire, elle a sans doute joué un rôle d’encouragement des Forces de la Résistance dans la région. Ces soldats des FTP-MOI, au « nom difficile à prononcer », sont depuis 2004 mis à l’honneur dans le hall de l’hôtel de ville.


Farandole place de la Cité (actuelle place Albert-Thomas), le jour de la Libération. © AMV LE Rize


Place Grandclément, la foule sur le passage d’une troupe des FFI. © AMV LE Rize


Soldats des FFI armés de fusils mitrailleurs juchés dans le coffre d’une auto © AMV LE Rize

DATE A NOTER : Samedi 7 septembre de 9h à 20h

« Célébrons ensemble les 80 ans de la Libération de Villeurbanne ! »
Journée de cérémonies et de festivités organisé par la Ville avec notamment une conférence sur l’insurrection et la Libération de Villeurbanne, un concert d’orgue une et un grand bal populaire.
>> En savoir plus

APPEL A COLLECTE

Les Archives municipales de Villeurbanne et le Rize lancent aux Villeurbannais un appel à la collecte de documents en lien avec la Libération, et plus généralement la 2e guerre mondiale, à Villeurbanne.
Cet appel est en lien avec la grande collecte nationale lancée pour commémorer les 80 ans de la Libération.
Les lettres, photographies, films, journaux intimes ou autres documents, qui sont encore dans les familles, ont un intérêt historique et participent à documenter l’Histoire de cette période. Toutes ces archives ont vocation à être mises à la disposition du public (expositions, ateliers…) ou des chercheurs (publications historiques), avec les précautions relatives au respect de la vie privée.

Vous pouvez vous adresser aux Archives municipales de Villeurbanne :
archives@villeurbanne.fr ou 0437571719.

La collecte se déroulera jusqu’au mois de juin 2025.

ALLER PLUS LOIN

>> Écouter le podcast Les petites histoires de Villeurbanne sur la Libération.

LES GRATTE-CIEL VUS PAR MARC RIBOUD

Villeurbanne fête cette année les 90 ans du quartier des Gratte-Ciel, œuvre du maire visionnaire Lazare-Goujon et de l’architecte Môrice Leroux dans les années 30. En attendant les célébrations qui se dérouleront à la rentrée, ainsi que notre future exposition, qui y fera largement référence, nous vous proposons cette série de photographies de Marc Riboud dans le quartier des Gratte-ciel.

En 1984, à l’occasion des 50 ans des Gratte-ciel, Marc Riboud a réalisé cette série en vue d’une grande exposition. « Regard sur les Gratte-Ciel » s’est déroulé du 21 mai au 18 juin 1984 à l’hôtel de ville et a ensuite tourné dans toute la France.

En 2023, le musée des Confluences de Lyon avait exposé cent clichés pour célébrer le centenaire de la naissance à Lyon (Saint-Genis-Laval) de Marc Riboud, mort le 30 août 2016 à Paris. Photographe-voyageur, témoin des grandes transformations sociétales à travers le monde, il a acquis une renommée internationale avec ses nombreux reportages, en Chine notamment.

Cliquez sur chaque photo pour les agrandir

 

LA COLLECTE DE SOUVENIRS DES GRATTE-CIEL CONTINUE


© Anne Van Der Stegen – AMV/Le Rize

Pour préparer notre prochaine exposition à l’occasion des 90 ans des Gratte-Ciel, le Rize organisait les 26 et 28 juin derniers une collecte de souvenirs auprès des habitant·es et des commerçant·es.
Près d’une quinzaine de témoignages oraux et plusieurs documents ont été collectés.

Si vous n’avez pu vous rendre disponible, il est encore possible d’apporter votre témoignage.

N’hésitez pas à contacter les archives municipales au 04 37 57 17 17 ou par mail : archives@villeurbanne.fr. 

Villeurbanne, une tradition de fêtes « pas pareilles »

Villeurbanne en fête, les Eclanova, les Vivas… À l’occasion de la 18e édition des Invites, le festival « pas pareil », nous vous proposons de revenir en images sur près d’un demi-siècle de festivités musicales, artistiques et citoyennes à Villeurbanne.


Crédit photo : Laurence Danière, Anne Van Der Stegen, Ovide – AMV/Le Rize

Après trois ans d’absence, le festival des Invites était de retour cette année ! Du 19 au 22 juin, les compagnies d’art de la rue ont investi l’espace public et les artistes musicaux ont fait vibré les murs de la ville. Au fil des années, les Invites s’est imposé comme un festival tout public incontournable de la région, réputé pour sa convivialité, son côté transgressif, sa scénographie monumentale, sa programmation musicale et d’arts de la rue, et bien-sûr sa gratuité.

Mais avez-vous connu les Eclanova ? Les Vivats ? Villeurbanne en fête ?

Ces ancêtres des Invites ont vu défiler des artistes de renom comme Yvette Horner, Santana, IAM, l’Affaire Louise Trio, Khaled, Noir désir, Zouk machine, Tonton David, mais aussi des troupeaux de dromadaires et d’étranges funambules perchés au sommet des Gratte-Ciel. Retour en images !


1977-1988 : Villeurbanne en fête

Créé sous l’impulsion du maire Charles Hernu, le festival a pour mission « d’amener de la convivialité et de la cohésion entre les villeurbannais ». Il propose à la fois une programmation musicale et des spectacles d’arts de la rue. Autre particularité, il se déroule dans tous les quartiers de la ville, avec une très forte participation des associations villeurbannaises.


Crédits photos : Laurence Danière, Anne Van Der Stegen, Ovide – AMV/Le Rize


1989-1995 : Les Eclanova

Villeurbanne en fête change de nom et devient les Eclanova. Si la formule ne change guère (musique, arts de la rue, participation citoyenne), l’ambition est plus grande, avec la volonté d’une reconnaissance au niveau national.
La première édition propose pas moins de 45 spectacles et concerts, avec des artistes musicaux renommés comme Charlélie Couture, Noir Désir, Zouk machine, Arno ou encore les tambours du Bronx.

Photos : Laurence Danière, Anne Van Der Stegen, Ovide – AMV/Le Rize

1996-1999 : une période de transition avec Les Vivats

Après l’effervescence des années « Eclanova », la Ville de Villeurbanne voit les choses en un peu moins grand avec Les Vivats. Ce festival ne convaincra pas la presse, qui parle alors « d’un manque d’ambition », et laissera peu de souvenirs dans la mémoire collective villeurbannaise.
Mais un nouveau festival se prépare en coulisses : Les Invites.

Depuis 2002 : Les Invites, le festival « pas pareil »

Élu en 2001, le nouveau maire Jean-Paul Bret souhaite renouer avec l’esprit des fêtes populaires villeurbannaises. Les Ateliers Frappaz, lieu de résidence et de création de spectacles vivants, sont créés et prennent la direction artistique du nouveau festival de Villeurbanne : Les Invites.
Une programmation musicale et d’art de la rue ambitieuse est de retour. De nouveau, les habitants et les associations participent à la fabrication de la fête et la répandent dans les quartiers.
Le festival « pas pareil », qualificatif donné en référence à ses nombreuses singularités (scénographie monumentale sur l’espace public, gratuité, participation citoyenne, son coté transgressif et engagé, programmation de musique et d’arts de la rue…), est désormais organisé tous les deux ans.
Il fête cette année sa 18e édition.

 

Crédits photos : Gilles Michallet – Ville de Villeurbanne

Connaissez-vous l’histoire du Stadium ?

Vous connaissez probablement le parking Raphaël-De-Barros (situé derrière la salle du même nom et la Maison du livre), qui abrite désormais le tiers-lieu de l’Archipel, dédié à la lutte contre la précarité alimentaire.

Mais saviez-vous qu’à ce même endroit, il y a 90 ans, un Palais des sports accueillait des spectacles de tauromachie et des combats de catch ?
C’est l’incroyable histoire du stadium de Villeurbanne !

Nous sommes au début des année 30. Après la construction de la piscine de Cusset, bientôt suivie par celle des Gratte-Ciel, le maire Lazare Goujon rêve d’un Palais des sports en centre-ville.

Présenté comme l’équivalent du Palais du Travail pour le sport, cet équipement ultramoderne imaginé par l’architecte des Gratte-Ciel Môrice Leroux sera un bâtiment de 17 260 m² pouvant accueillir 12 000 spectateurs. Il doit comporter un vélodrome d’hiver couvert de 8 000 m², une piste de 200 m, une arène pugiliste, une patinoire et des salles de réunion.
Un espace climatisé doté de magasins, de bars et de restaurant, est également prévu. Un concept rare en France à l’époque, puisque seule Paris compte un Palais des Sports de ce type. Le coût total du projet est estimé à plus de 10 millions de francs, une somme très importante à l’époque. Le chantier débute à la fin de l’année 1933.

En 1935, Lazare Goujon perd son mandat aux élections municipales. Face aux difficultés financières de la commune, le nouveau maire Camille Joly abandonne les travaux. Ils ne seront repris que 10 ans plus tard lorsque Lazare Goujon est réélu. Lors de son ouverture au public en mai 1949, le bâtiment est loin de ressembler à ce qui avait été prévu. Toutefois, de nombreuses manifestations y sont accueillies jusqu’en 1957 : boxe, catch, basket-ball, spectacles taurins, rodéos automobiles et courses de vélo sur l’une des meilleures pistes cyclistes d’Europe…

En 1954, Etienne Gagnaire succède à Lazare Goujon. Le Stadium n’est plus la priorité et le conseil vote sa démolition le 8 novembre 1965. Ainsi disparaît ce grand projet qui devait parachever l’œuvre de Lazare Goujon, et qui ne deviendra jamais cet équipement ultramoderne « que toutes les grandes villes d’Europe et d’Amérique pourront envier » (Morice Leroux).

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