Présente sur l’usine Tase (Textile artificiel du Sud-Est) pendant plus d’une trentaine d’année, la communauté religieuse du Très Saint-Sauveur a joué un rôle particulier dans le dispositif de production mis en place par Edmond Gillet, descendant d’une famille d’industriels lyonnais spécialisée dans la chimie et la teinture de textile. (Plus d’infos sur les usines Gillet sur Le Rize +)
Au début du XXe siècle, Edmond Gillet ce dernier fait construire, dans l’actuel quartier du Carré de Soie, une usine de transformation de cellulose en rayonne (soie artificielle). Préoccupé par les conditions de vie de ses ouvriers et animé par des préoccupations paternalistes et hygiénistes, il fait édifier, dans les années 1920-30, autour de son usine, une véritable « micro-ville » autonome composé de logements, d’équipements sociaux, éducatifs, sportifs… mais aussi d’un dispensaire moderne et d’une « institution bien connue des habitants » : l’Hôtel Jeanne d’Arc ou Foyer Jeanne D’Arc.
Situé rue de la Poudrette, entre les communes de Villeurbanne et de Vaulx-en-Velin, cet établissement accueille des femmes, souvent très jeunes, isolées, parfois immigrées et qui font l’objet d’une prise en charge « globale » par l’institution : gite, couvert, éducation… et travail. Le lieu devient alors un creuset où se côtoient paysannes des campagnes environnantes et migrantes d’origines diversifiées parmi lesquelles Italiennes, Espagnoles mais aussi Hongroises et Polonaises et ce, sous l’encadrement d’une douzaine de sœurs du Très Saint-Sauveur.
C’est au sein du dispensaire et du foyer que les sœurs du Très Saint-Sauveur se dépenseront sans compter pour soigner, accueillir et œuvrer pour le bien être de ces femmes, dont elles partagent le quotidien. Cette main d’œuvre féminine laborieuse est particulièrement invisibilisée dans l’histoire Gillet.
Claire Bonici, docteure en droit et membre de Vive La Tase
Elle a raconté cette histoire à l’occasion d’un café patrimoine au Rize, le 13 février 2025.